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Tendance: l’impact de la pandémie sur la “Clean Beauty”

Une comparaison entre la France et les États-Unis.

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Intro
En un clin d'œil

À l’ère post-COVID, quel avenir pour la tendance “Clean Beauty”? Une comparaison entre la France et les États-Unis.

La pandémie de 2020 a clairement rebattu les cartes dans le paysage actuel de l’industrie de la beauté. Certaines tendances de consommation se sont confirmées mais d’autres ont été dramatiquement modifiées par la crise sanitaire. Aujourd’hui, j’ai voulu m’intéresser en particulier à l’impact du Coronavirus sur l’une d’entre elle, la “Clean Beauty”. Quelles sont les conséquences du Coronavirus sur les habitudes et les désirs des consommateurs beauté férus de produits naturels pour 2021?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je dois vous dire que cet article est un peu particulier. J’ai commencé à y réfléchir il y a quelques semaines, après avoir lu plusieurs articles de la presse professionnelle beauté qui abordaient le sujet des tendances beauté pour 2021.

Je lis régulièrement des magazines pros francophones et anglophones pour me tenir informée des tendances. En général, les priorités des consommateurs sont relativement similaires d’un marché à l’autre. Il y a toujours des différences locales, bien entendu, mais si on regarde les principales grosses tendances, il y a quand même beaucoup de similitudes.

Or cette année, j’ai pu noter une différence d’interprétation assez nette entre la presse en français et celle en anglais concernant l’évolution de la tendance de la “Clean Beauty”. Cette différence m’a beaucoup interpellé et j’ai commencé à y réfléchir.

Mais je n’avais pas envie de réfléchir toute seule pour une fois. J’en ai donc parlé avec mes abonnés sur mon compte Instagram bonniegarner. Ce n’est pas la première fois que je fais ça et j’ai une chance folle, j’ai une “communauté” (il paraît qu’on dit ça maintenant lol) très engagée et surtout toujours prête à se creuser la tête sur plein de sujets. Mes abonnés me donnent toujours des pistes de réflexions super intéressantes! On n’est pas toujours d’accord mais on peut discuter et de façon toujours très argumentée.

Bref, cet article sera donc un peu participatif en quelque sorte! Je vais me servir de certaines réponses donnés par mes abonnés pour illustrer mon propos. Ceux-ci ont des profils très divers: certains travaillent dans l’industrie de la beauté, mais d’autres pas du tout. Leur point commun: ils sont tous passionnés par les cosmétiques et pourraient en parler pendant des heures! Croyez-moi, ils sont aussi fascinants qu’ils en ont l’air et leurs commentaires valent de l’or. Et ce sujet les a inspiré! Si vous voulez voir ce que ça a donné, j’ai conservé toutes leurs réponses sur ma page de profil Instagram 😉

Je leur suis très reconnaissante de leur engagement, et je les remercie beaucoup d’avoir pris le temps d’en discuter avec moi. Et forcément, ça m’a donné envie d’ouvrir cette conversation de façon plus large avec mon article d’aujourd’hui! Car je pense que c’est un sujet qui peut intéresser pas mal de monde 🙂

La tendance des cosmétiques “non toxiques” est-elle absurde? Tendance La tendance des cosmétiques “non toxiques” est-elle absurde? Aujourd’hui, on va parler vocabulaire, marketing et législation. Mais non, restez, je vous jure que ce n’est pas aussi ennuyeux que ça en a l’air! Lire plus

Si vous utilisez des cosmétiques, vous n’avez pas pu passer à côté. La “Clean Beauty” est partout. Une vraie révolution!

Dans cet article, je ne vais pas vraiment revenir sur mon avis au sujet de la “Clean Beauty”, j’en ai déjà parlé à plusieurs reprises (ici et ici pour ne citer que ces deux articles), je vais plutôt tenter de me poser en observatrice, pour une fois.

Ce qui est certain, c’est qu’en quelques années, la demande de produits “clean”, (qu’elle soit justifiée ou non), est devenue incontournable. Le consommateur beauté veut désormais des produits bons pour sa santé, et bons pour la planète. Cette soif de produits rassurants, tant sur le fond que sur la forme, s’est emparée des segments de l’hygiène, du soin, mais aussi plus récemment du maquillage et finalement de toutes les catégories de la beauté.

Et la crise sanitaire n’a fait que renforcer cet engouement des consommateurs pour des produits qui les sécurisent. Mais comme on va le voir, selon les marchés, l’impact de la pandémie n’a pas provoqué les mêmes réactions et le futur de cette tendance risque de prendre plusieurs formes…

La “Clean Beauty”, origine:

On le sait, l’émergence de la “Clean Beauty” est directement liée à une perte de confiance de la part des consommateurs face à leurs produits cosmétiques.

Méfiance vis à vis des gros groupes pharmaceutiques suite à des scandales sanitaires, qui a ricoché par extension sur leurs équivalents en cosmétique. Le manque de transparence de la part des marques, avec trop d’opacité du jargon marketing dans les campagnes com’ des produits de beauté n’ont pas vraiment aidé… Tout cela a accéléré la défiance des consommateurs face aux grands groupes (comparés à “big pharma”) dans un premier temps, puis petit à petit contre toute l’industrie des cosmétiques.

Face à cette défiance, l’industrie n’a pas vraiment réagi au départ, pensant sans doute que cette tendance serait seulement passagère. Quelques rares exceptions ont essayé d’éduquer leurs clients pour dissiper cette “peur” (= la marque pour laquelle je travaillais il y a 10 ans, notamment) mais au bout de quelques temps, il a bien fallu se rendre à l’évidence: les consommateurs veulent désormais des produits cosmétiques “clean” et “naturels”, pas trop “chimiques”. Idéalement, pour les marques présentes en France, il faut aussi qu’ils passent le test des applis cosmétiques (type Yuka et autres), qui scannent les listes d’ingrédients pour définir s’ils sont “clean” ou pas.

Si je prends l’exemple de la France, c’est désormais presque devenu une norme: la plupart des lancements de nouveaux produits doivent être “clean” et/ ou “naturel”. Et la crise sanitaire n’a fait que confirmer cette tendance déjà très marquée, quel que soit le circuit de distribution. Même en pharmacie, des marques considérées comme “conventionnelles” se mettent à faire des lancements “applis friendly” ou encore qui mentionnent fièrement leur formule “97% d’origine naturelle” comme par exemple le dernier sérum Bariéderm Cica Daily de la pourtant très classique marque de pharmacie Uriage.

En France, le désir de naturalité s’intensifie:

Au départ, il y a probablement une raison culturelle à cet attachement très français au naturel. Selon Alice, les français « ont un lien très fort avec les ingrédients, la sensorialité.» Et celui-ci serait lié à leur « culture de l’amour de la nourriture. En France, on aime les bonnes choses, les bonnes odeurs, les bons produits. Et naturellement, cela se ressent dans les produits de beauté également.» Les consommateurs français « vont avoir tendance à se méfier d’une crème qui ne sent pas bon, ou qui est bleue par exemple et qui sera tout de suite jugée comme trop chimique.»

le retour vers Mère Nature…

À tort ou à raison, la tendance de la “Clean Beauty” en France est très associée au désir d’un mode de vie plus “green”. Pour Astrid, « En France, il y a depuis le début de la pandémie un vrai retour à la nature. Les gens quittent les grandes villes pour la campagne, la vente des produits alimentaires bios a explosé, les paniers bios n’arrivent même plus à fournir tout le monde! Et bien évidemment la cosmétique suit. Une façon de se rassurer sans doute. Et aussi se tourner vers du naturel dans une période où l’on assiste à l’impuissance de la science. La science semble montrer ses limites, du coup le retour vers Mère Nature paraît une alternative rassurante et assez logique finalement. »

Une perception de la science bien ancrée dans certains esprits en France même si les faits prouvent le contraire: la vitesse à laquelle les scientifiques ont conçu et testé des vaccins efficaces force l’admiration!

Enjeux environnementaux obligent, les consommateurs sont sensibles depuis quelques années déjà à la composition des cosmétiques qu’ils utilisent. Mais dans certains cas, cela va encore plus loin. Une autre de mes lectrices « pense que les médias ont beaucoup mis en avant combien la crise sanitaire était liée au dérèglement climatique. Cela peut expliquer cette envie de se tourner vers des cosmétiques plus naturels, qu’on le fasse pour soi ou pour l’environnement! La pandémie a également fait se développer des réflexes complotistes et cela a nourrit une crainte importante par rapport aux industriels en général que ce soit ceux de la pharmacie (avec la montée du mouvement antivaxxer) ou de la cosmétique.»

Pourtant, on va le voir, si on prend l’exemple du marché Nord-Américain, la tendance de la “Clean Beauty” y est là-bas en perte de vitesse et les consommateurs attendent désormais davantage de leurs produits cosmétiques!

Aux Etats-Unis, “science is back”!

La tendance “Clean Beauty” est pourtant bien née aux Etats-Unis, aux alentours de 2015, avec une demande croissante de produits “non toxiques” (j’en avais parlé en détails il y a quelques années dans mon article “La tendance des cosmétiques “non toxiques” est-elle absurde?“). À tort ou à raison, les consommateurs américains avaient l’impression que leur régulation était obsolète et que certains ingrédients de leurs cosmétiques n’étaient pas bien contrôlés et donc potentiellement dangereux pour eux. Le naturel avait clairement le vent en poupe!

un ras le bol du discours anti-science…

Mais ça, c’était avant. Avec la crise sanitaire de 2020, la tendance a évolué et les marques plus “cliniques” sont celles vers lesquelles le plus de consommateurs américains ont envie de se tourner, surtout parmi la jeune génération.

Est-ce dû à un ras le bol du discours anti-science, symbolisé peut-être par la déclaration la plus tristement célèbre de Donald Trump qui en 2020, affirma qu’on pourrait essayer de s’injecter directement du désinfectant dans les veines pour soigner le Coronavirus? (rappelez vous du geste affligé de son responsable de la communication scientifique, Dr Fauci 🤦‍♂️)
C’est une possibilité!

Désormais, pour convaincre les consommateurs, les marques vendues aux États-Unis mettent en avant leurs ingrédients “scientifiques”, comme les peptides ou le rétinol. Ces derniers sont en général synthétisés en laboratoire, ils ne poussent pas sur les arbres. Mais le lien de ce type de formules avec l’industrie pharmaceutique aide à rassurer les consommateurs sur leur sérieux et leur efficacité!

Deux marques sur cette mouvance ont d’ailleurs fait un retour fracassant ces derniers temps:
Cerave, une marque de “drugstore” très prisée des dermatologues américains, qui est devenue LA marque fétiche des plus jeunes. Ces derniers l’aiment tellement qu’ils provoquent des ruptures de stock mondiales sur certains produits!
– et Paula’s Choice, que j’adore pour son sérieux et ses formules pointues et ultra bien fichues, qui s’est aussi refait une jeunesse et cartonne sur les réseaux sociaux!

Les influenceurs spécialistes en soin sont devenus de vraies sensations pendant la pandémie. Ils peuvent avoir des millions de followers sur des plateformes comme Instagram, TikTok ou Twitter pour certains d’entre eux; c’est le cas notamment pour Hyram, un jeune américain originaire de Hawaï qui a d’abord travaillé en tant que démonstrateur pour des marques de cosmétiques. Il n’est d’ailleurs pas étranger au retour en grâce de Cerave 😉
Ces créateurs de contenu sont pour la plupart très attachés à ce type de marques, au discours très scientifique.

En effet, après des années de règne des influenceurs “bien être” et “lifestyle”, voici venu le temps des “pharm-influenceurs“, au profil beaucoup plus expert! Plus orientés sur les faits prouvés scientifiquement que sur les cristaux, ou autres jade rollers, ils sont pour beaucoup d’entre eux très qualifiés. Certains sont formulateurs, comme Jen du podcast The Eco Well, Annalisa @Skinperspective et Linda du compte Instagram @lepamperedpig (ces contenus sont en anglais), d’autres sont anciens chercheurs en biologie comme @cyrille_laurentfr, ou enfin spécialisés en communication scientifique comme Marie @cosmeticsanatomy (ces deux derniers sont français). Ils ont en général une formation scientifique, ou de professionnel de la cosmétique et sont les spécialistes du “myth busting” (en français, le combat des idées reçues).

Sur les réseaux sociaux, en particulier sur Instagram, leurs posts courts et informatifs cartonnent et leur communauté les apprécient particulièrement pour leur transparence et la qualité des informations qu’ils donnent.

Concernant les marques de cosmétiques, l’accueil est plus contrasté. Certaines apprécient les retours et/ou critiques constructives à propos de leurs produits, tandis que d’autres (surtout celles se revendiquant de la mouvance “Clean Beauty”) considèrent ces influenceurs davantage comme une nuisance. Pas facile en effet de convaincre de l’utilité d’un sérum à base de cristaux si un chimiste formulateur vient expliquer à vos futurs clients dans les commentaires que les cristaux n’ont aucun effet prouvé scientifiquement sur la peau!

Pour les consommateurs en revanche, c’est gagnant-gagnant! Grâce à leurs posts informatifs et en général simples à comprendre, ces influenceurs “experts” leur donnent les clés pour mieux choisir leurs produits et poussent l’industrie de la beauté à plus de transparence et d’honnêteté dans leur communication, ce qui n’est clairement pas une mauvaise chose…😊

Pourquoi une telle différence entre le marché français et le marché US dans l’évolution de cette tendance?

Bien entendu, la culture des consommateurs de cosmétiques est assez différente dans ces deux marchés. Traditionnellement, le consommateur français est très attaché au naturel, on l’a vu. Le consommateur américain quand à lui, va avoir tendance à apprécier les conseils de professionnels médicaux et les marques plus axées sur des ingrédients aux bénéfices “scientifiquement prouvés”.

Pour Yi Xian, de Singapour, « Aux États-Unis, le principe de toujours s’adresser à un dermatologue certifié pour être correctement conseillé est très ancré dans les mentalités par rapport à l’Europe, où des concepts comme l’agriculture biodynamique, ECOCERT, COSMOS et autres organisations écologiques ont vu le jour et font partie des préoccupations des consommateurs européens.» Elle ajoute: « Il est intéressant de noter que chez les Anglo-Saxons, les marques d’eau de source thermale des pharmacies françaises comme Avène, La Roche Posay etc. utilisent depuis longtemps un marketing très “naturaliste” en même temps qu’une approche fondée sur des données cliniques. »
Ou comment jouer sur les deux tableaux pour rafler la mise? 😉

Une autre hypothèse serait de se dire que les enjeux environnementaux préoccupent moins les consommateurs américains que les français. C’est l’hypothèse défendue par Céline, qui pense que “l’écologie n’a pas un gros impact dans la décision d’achat du consommateur américain.” Et que “l’efficacité d’un produit sera toujours plus importante que son éthique” pour eux.

une demande de plus en plus importante de contenu plus “expert”…

Selon Aline, on peut aussi blâmer le manque d’éducation du consommateur français, et penser que celui-ci « a plutôt une mauvaise culture en terme de cosmétologie et dermatologie au départ. Le “luxe à la française” est très célébré, avec des jolies textures, odeurs, flacons… Mais dans les encarts publicitaires ciblés dans les magazines, ou à la télévision, on ne parle pas beaucoup de la science derrière les ingrédients. Difficile dans ces conditions de construire une réelle éducation sur la cosmétique, tant qu’on ne se sera pas débarrassé de ce carcan du luxe.»

Cependant, la jeune génération est en train de faire bouger les lignes, que ce soit sur le marché nord-américain ou français. Si leurs parents se désintéressaient de la question écologique, aux Etats-Unis, la Gen Z (= les personnes nées entre 1997 et 2010) sont quant à eux de plus en plus en préoccupés par le réchauffement climatique et s’intéressent de près à l’engagement des marques. Le consommateur, de plus en plus informé, voire militant, se veut désormais holistique. Par exemple, on entend notamment parler de la Blue Beauty (plus éthique et responsable sur l’ensemble de la chaîne de valeur, notamment dans l’utilisation de l’eau et la préservation des océans). D’après une étude récente de l’institut Kantar, près de 20% des consommateurs associent désormais le secteur de la beauté à la responsabilité sociale et environnementale. Ils étaient seulement 10% en 2016.

Pour les consommateurs français, surtout les plus jeunes, qui suivent le chemin des anglo-saxons, on voit une demande de plus en plus importante de contenu plus “expert” sur les réseaux sociaux. Ce n’est clairement qu’un début mais beaucoup de créateurs de contenu plus axés sur le “scientifique” commencent à émerger et certains d’entre eux rencontrent déjà un vrai succès populaire (je pense notamment à Myriam, du compte @myssyjym qui produit un contenu “science friendly” impactant et taillé sur mesure pour ses 220 000 abonnés sur TikTok).

Mais la crise économique engendrée par la crise sanitaire façonne aussi les comportements. Selon Camille, « pendant les nombreux confinements dus à la pandémie, les gens ont eu le temps et aussi besoin de prendre soin d’eux, et les créateurs qui offraient alors LE contenu que les gens cherchaient, ont subitement eu un succès fou! Particulièrement ceux qui ont choisi de cibler des produits de soins plus “basiques”, conventionnels (et souvent plus pétrochimiques, c’est vrai) mais surtout petits prix. Cela a particulièrement bien fonctionné chez les consommateurs plus jeunes. Autrement dit ceux qui ont un bébé budget voire pas de budget du tout à dépenser dans les cosmétiques, mais qui ont très envie de s’y mettre! » Elle poursuit: « Cela a aussi compté aux Etats-Unis, avec l’impact financier de la pandémie sur le budget global de ceux qui ont perdu leurs emplois et leurs salaires. Les marques comme The Ordinary ayant déjà prouvé à une grande partie des consommateurs nord-américains que l’on n’avait pas besoin de payer cher pour avoir de la qualité et des résultats en soin. J’imagine qu’il a alors été plus facile pour le client beauté là-bas d’envisager de se retourner vers du soin “entrée de gamme” sans penser qu’ils allaient faire baisser la qualité de leur routine. »

Au final, il est bien possible que cette crise qui nous impacte tous partout dans le monde fasse se rejoindre les préoccupations des consommateurs des différents marchés de façon accélérée.

Le monde d’après sera-t-il celui de la beauté sécurisante et responsable?

Dans le futur, même si le mouvement de la “Clean Beauty” est encore loin de disparaître, l’impact sans précédent du Covid-19 aura forcément des implications sur le monde d’après du business de la beauté.

Avant la pandémie, les consommateurs en quête des produits plus naturels évitaient d’utiliser des ingrédients jugés trop “artificiels” ou même certains conservateurs dans leurs produits de beauté, dans la mesure où ils étaient considérés par eux à risques pour la santé. Désormais, avec un comportement plus hygiéniste provoqué par la pandémie, on assiste plutôt à une montée des inquiétudes autour de la durée de vie et de l’hygiène dans les produits de grande consommation. Les consommateurs sont désormais plus susceptibles d’accepter ces ingrédients à condition que les marques prouvent leur efficacité et leur sécurité à la fois pour la santé et pour l’environnement.

La science, oui, mais une science responsable!

Selon une étude récente réalisée par Mintel aux Etats-Unis sur la “Clean Beauty”, plus d’un adulte sur dix estiment que la date d’expiration des produits “clean” est trop rapprochée de la date d’achat et ne veulent pas voir leurs produits “tourner” trop vite (j’avais moi-même pu expérimenter ce genre de mésaventure, rappelez-vous). Aux États-Unis, la société qui contrôle la sécurité des cosmétiques (la FDA) doit régulièrement retirer de la vente des produits qui ne sont pas suffisamment bien conservés. Et ces dernières années, leur nombre a beaucoup augmenté à cause de la baisse de l’utilisation des ingrédients conservateurs décriés par la mouvance “Clean Beauty”. Personnellement, je préfère ma crème hydratante sans bactéries, mais j’imagine que tous les goûts sont dans la nature 😉

Les consommateurs continuent à s’éduquer sur les formules et vont sans doute s’intéresser de plus en plus à la sécurité des ingrédients. Plus vraiment dans le sens de leur “toxicité” comme ils ont pu le faire auparavant, mais plutôt par rapport au risque d’une contamination et d’une expiration possibles du produit. L’avenir des formulations des produits “clean” reposera sans doute sur l’utilisation d’ingrédients synthétiques sûrs pour la santé, qui permettent d’améliorer leur durée de vie tout en sécurité.

L’anxiété et l’incertitude provoquées par la pandémie vont sans doute conduire à un besoin accru de cosmétiques fiables et sûrs. Les marques qui sauront démontrer leur fiabilité, leur transparence et leur volonté de passer à l’action pour garantir la sécurité de leurs produits seront probablement plébiscitées par les consommateurs sur le long-terme.

Désormais, la pression des consommateurs est trop forte. La transparence est exigée, et il est primordial pour les marques de communiquer sur la sécurité, la longévité et l’efficacité de leurs produits afin d’éviter de susciter la méfiance des consommateurs. Chez beaucoup d’entre eux, la crise du coronavirus a en effet entraîné la réalisation que le naturel n’est pas toujours la meilleure option, en particulier quand il s’agit de la sécurité des ingrédients.

L’enjeu écologique préoccupe déjà beaucoup les consommateurs et bien entendu, cette tendance va s’accroitre encore davantage. Loin d’éclipser le changement climatique, la pandémie n’a fait que rendre plus réelle la précarité écologique. Les consommateurs veulent se sentir en sécurité, mais pas au détriment de la planète. La science, oui, mais une science responsable!

Gare au greenwashing! Les consommateurs, plus informés qu’avant, font de mieux en mieux la part des choses. Le vernis de naturalité de certains produits ne tient plus et n’est plus en phase avec les aspirations des consommateurs qui se rendent compte que parfois, l’exploitation trop intensive de certains ingrédients naturels peut être contreproductive car non respectueuse de l’environnement.

Un exemple d’un ingrédient très populaire en ce moment, est celui du Bakuchiol, trop souvent encore présenté comme une alternative végétale au rétinol. La plante dont cet ingrédient provient, la Psoralea Corylifolia est en train de devenir une plante menacée. Son faible taux de germination est totalement incompatible avec une exploitation soutenue! La grosse demande actuelle pourrait la faire disparaître. Produire et consommer mieux ne se résume pas à exclure bêtement les ingrédients synthétiques: aucune consommation, même la plus naturelle, n’est neutre pour la planète et les consommateurs s’en rendent compte.

Les consommateurs favorisent déjà les marques dont le modèle met en avant “une mission plutôt que le profit”. Plus que jamais, les entreprises vont s’efforcer de réduire l’excès d’emballage, d’éviter les ingrédients non éthiques tout en proposant des produits accessibles au plus grand nombre. Investir dans le développement durable est un pari gagnant pour les marques aussi bien en termes de chiffre d’affaires que de réputation!

La crise sanitaire va donc certainement pousser les entreprises à penser différemment et à avoir une vision plus large à propos de la durabilité et de la biodiversité. Ceux qui sortiront gagnants de la crise actuelle seront sans doute ceux qui se servent des technologies de façon éclairée et respectueuse de l’environnement.

Une façon peut-être d’enfin réconcilier le corps, l’esprit et la planète!

Commentaires (22)

  1. Bonjour Bonnie ! Magnifique article 🙌 ! Le monde a besoin de s’asseoir, et s’informer en écoutant tous les points de vues pour faire la balance entre le cœur et la raison.
    Depuis petite j’ai à cœur de respecter la nature, les animaux, l’humain, ne pas gaspiller (merci maman♥️), j’aime manger bio et bon mais je n’achète pas plus que ce que je peux manger. Pour moi le simple fait de ne pas surconsommer est déjà un acte écolo.
    Je pense qu’il y a du bon et du moins bon partout, ça fait trois ans que je m’intéresse au skincare, comme Obélix je suis tombée dans la marmite de ce monde merveilleux, c’est devenu une véritable passion. Je passe tout mon temps libre à chercher des informations sur le sujet.
    En tant que consommatrice j’aimerai qu’on arrête de me vendre du rêve et qu’on m’informe sur les ingrédients ce qu’ils font et ne font pas 😂.
    Qu’on forme les vendeuses en boutique, pour exemple, pendant des années j’ai demandé en quoi les produits anti-âge était effectivement anti-âge, et je n’ai jamais eu de réponse satisfaisante…jamais personne ne m’a expliqué comme toi et toutes les personnes intéressantes que tu nous conseilles de suivre, l’importance d’utiliser une protection solaire à l’année par exemple.
    Qu’on arrête de nous voir comme des machines à sous, j’ai un cerveau et je veux apprendre et comprendre !
    Merci à toi de nous donner matière à réflexion, de nous faire connaître tous ces superbes soins, entre green et conventionnel mon choix est vite fait si je sais que cela fait plus de mal que de bien à la planète.

    • Merci beaucoup Céline pour ton adorable commentaire! ❤️❤️
      Je pense sincèrement que tu n’es pas toute seule à chercher l’équilibre dans ta consommation, c’est clairement l’aspiration de beaucoup en ce moment! Et les marques s’en rendent compte (il était temps!)
      Ah ah, pour la formation, en tant qu’ancienne formatrice, ça me parle particulièrement ce que tu dis 😉 Malheureusement, la formation n’est pas toujours priorisée dans la stratégie des entreprises, je ne le sais que trop bien…
      Certes, c’est un investissement mais à long terme, mais je suis certaine que ça en vaut la peine!

  2. UNE MISSION PLUTÔT QUE LE PROFIT👍👊❤️ !!! Tout est dit Bonnie , un état d’esprit, une ligne de conduite, une éthique, une philosophie de vie, un engagement, un mantra…. C’est du Beau Boulot cet article Bonnie 👏👏👏 Et si chacun de nous était animé, convaincu, habité par cette “réflexion”, si cette idée devenait une évidence, une habitude et ce, quel que soit le domaine dans lequel nous évoluons. Cet appel à l’intelligence collective dont parle Nabil Wakim ds l’émission de France Inter “Remède à la mélancolie” du 7 février dernier, en reprenant la citation de Romain Roland: “Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté”. En résumé, je le cite, face à toutes ces différentes crises (sanitaire, économique, climatique) qui plombent l’ambiance, le moral etc … être pessimiste “y a des raisons”, mais on peut être pessimiste de manière intelligente, en se demandant comment faire face à ces problèmes et surtout comment y faire face collectivement !!! Une morale de l’action Bonnie, que tu insuffles également à ta communauté selon moi. ❤️

  3. Je ne dégaine pas Yuka à chaque fois que je vais acheter un produit, cependant j’en ai marre de toutes ces marques qui emploient des mots que je ne comprends pas, et ce manque de transparence, tout ça dire que c’est un anti-âge ou un hydratant. J’achète mes crèmes de soins uniquement dans ma pharmacie de quartier (les prix sont les mêmes que sur le net et j’ai ma carte fidélité), et effectivement au fils des années j’ai vu leurs rayons cosmétiques se garnir de plus en plus de produits “clean” et pas trop cher, disons dans mes moyens. Je suis ravie qu’on puisse trouver des marques avec des compositions simples, sans trop de blabla, je suis une adepte de The Ordinary. Par contre je me méfie aussi du greenwashing, mais je me fis beaucoup au pourcentage d’ingrédients d’origine naturelle écrit sur les produits, ça m’aide à acheter !

    • Je comprends bien et c’est vrai que c’est important, je crois, de pouvoir être en mesure de comprendre un minimum ce qu’il y a dans les produits que l’on utilise! 🙂
      Mais c’est vrai que jusqu’ici, les applis me semblent plus être un outil du marketing de la peur plutôt qu’un réel outil d’aide à la compréhension. C’est ce que je déplore. Et le manque de nuance est aussi à blâmer; pendant des années, certains discours des marques nous ont fait penser que le naturel était forcément mieux que le synthétique, ce qui est très caricatural (et faux). Un produit à “97% d’ingrédients naturels” ne te dira rien sur la qualité de sa formule, son efficacité, l’origine de ses ingrédients etc… Bref, pour moi, ce pourcentage est aussi à considérer comme du greenwashing 😉

  4. Bravo Bonnie ! Tout est résumé dans ta phrase : “aucune consommation, même la plus naturelle, n’est neutre pour la planète”. Je te rejoins pleinement ! Belle journée à toi, Christine

  5. Waoohhh … quel article! Et quel travail derrière!! 🤩
    Plein de matière à réflexion (d’ailleurs je vais relire ton article 😀), et je rejoins totalement Collignon/Christine sur son commentaire.
    Bravo!

  6. Bonjour Bonnie
    Merci pour cette réflexion. Je retiens en autre ”Les consommateurs continuent à s’éduquer sur les formules” Tu y contribues par tes articles et c’est important de pouvoir choisir avec plus de connaissance. Un lien
    https://themonodist.com/2020/12/26/video-snail-mucin-debunked/
    sur une video sur les scandales et la genèse des applications beauté en Corée qui m’a interpellée et qui montre bien qu’une meilleure connaissance des produits que nous achetons fait pression sur les compagnies.
    Je trouve domage que beaucoup de personne cherchent à opposer le ”naturel” et le ”synthétique” Mon caractère pacifique me dit de trouver et de prendre le bon côté des 2. Pas de querelle entre les Anciens et les Modernes. Je vais bientôt tester des marques de KBeauty qui sont dans cette démarche qui allie le Hanbang dont tu nous parles avec tant de passion, et la modernité.
    Bonne journée

    • Ah Odile Monod, ma copine! Je l’adore, elle est complètement fascinante et elle est un veritable puits de savoir 🙌🙌 On a fait une discussion en live toutes les deux sur mon compte Instagram, où en gros je l’écoute parler la bouche ouverte pendant plus d’une heure tellement elle est intéressante 🤣🤣
      Si ça t’intéresse, voici le lien: live avec Odile Monod
      Je suis comme toi, je pense qu’on peut tout à fait prendre le meilleur des deux et que c’est inutile de les opposer 🙂

  7. Le temps que ça a dû te prendre pour récolter, organiser et rédiger cet article!!! Bravo Bonnie! Et ça fait du bien d’avoir une vue d’ensemble. Merci de l’amener si agréablement. <3

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